La bannière du site

Accueil > Les ressources > Compétition > Les golfistes en compétition > Claude et René Bernard : 25 ans de passion > Le résumé

Le résumé

dimanche 22 mai 2005

25 ans de passion.

Je suis né dans un pays où lorsque l’on parle de compétition, on parle plus de 40ème rugissants ou de Cap Horn que d’épreuve spéciale...

Né aux Sables d’Olonne, en 1963, j’ai passé une partie de mon enfance au bord de l’océan Atlantique puis après de sombres histoires familiales, me suis retrouvé avec mon frère dans un quartier ouvrier à 600 bornes de mon océan, dans une ville qui aujourd’hui est devenu le plus grand club de troisième âge de France : Roanne.

J’y ai donc passé mon adolescence, puis, à seize ans, code en poche, j’ai commencé à faire de la moto avec un 125 KTM, mon frère plus âgé de 11 ans lui avait successivement écrasé quelques autos comme une R8 S peinte en jaune Vif avec les capots avant et arrière noire mat (comme celle de Jean-François PIOT qui avait gagné la coupe R8 Gordini à l’époque), puis une R12, Gordini toujours, qui faisait le bonheur des pompistes de la région : en effet, le réservoir comptait quelques 92 litres mais on allait pas plus loin qu’avec le réservoir d’une Golf 1600.

Et un jour mon frère qui n’est pas le moins fou de la famille décide de vendre la R12 réparée et d’acheter une nouvelle auto. L’hésitation est de mise : R5 Alpine ou Golf GTI. Après essais des deux autos, il n’y a pas photo, la Golf sera sa prochaine mouture ! Il achète donc une Golf GTI 1600 petit pare-chocs, année modèle 1976 BV4 (La grise), puis quelques temps plus tard il annonce à toute la famille qu’il va courir avec cette auto. La stupeur passée et les objections de ma mère refoulées, le voilà qui fait une très, très grosse préparation à l’auto, à savoir un arceau Devil 6 points ainsi qu’un extincteur 4 kilos poudre et enfin une paire de harnais. Un pote, généreux, lui revend à prix cassé un pot piste. Comme il fallait bien un mécano et un assistant me voilà donc enrôlé dans cette aventure. Ah, j’allais oublier le fin du fin de cette préparation presque usine, un magnifique, énorme, sticker VW Motorsport au beau milieu du capot !

La première course.

Pour la première course le choix fut vite fait : il y avait à coté de Roanne une course de côte qui allait servir au grand début de la famille Bernard en compétition !

C’était parti, la course de côte régionale de saint André d’Apchon allait marquer notre entrée dans le circus.

Bon, il fallait quand même payer la licence et l’engagement, alors nous étions partis à la chasse aux sponsors, directement en porte à porte. On s’est "tapé" tout ce que Roanne comptait de commerçants et d’artisans. Mais les refus catégoriques n’ont fait que s’enchainer...

Puis un jour dans la rue, on voit passer une Golf D gris métal avec des autocollants Elna Machine à coudre dessus. Nous suivons cette auto pour arriver à un magasin en face de la gare. L’homme qui en descend entre dans son échoppe, nous l’accostons. La rencontre avec Jo Thibaudier qui deviendra par la suite bien plus qu’un simple sponsor, sera déterminante quant à notre participation à cette première course. Le premier contrat publicitaire tombe, il est mirifique : 200 francs !!! Non, non, il ne manque pas de zéro.

Nous voilà donc en piste et la tension de jour en jour se fait de plus en plus palpable.

Ce samedi matin de Juin 1979 où il fait beau et frais, tout le monde est debout à 6 heures. Je crois que pas un de ceux qui étaient présents ce jour là n’avait dormi plus de 3 ou 4 heures. Nous arrivons sur les lieux de la course sans avoir aucune idée de la façon dont se passent les vérifications aussi bien administratives que techniques.

Quelques habitués nous filent des tuyaux et après vérification l’auto est mise en parc fermé. On y est !! Et déjà c’est un exploit d’être là....

Le samedi après midi les essais... Et là, ça se passe pas trop mal : si certains concurrents présents en Classe 1600 du Groupe 1 sont devants, ils ne sont pas pour autant à des années lumières, bien qu’ils disposent pour la plupart d’auto avec boite courte, suspensions Bilstein. En fait tout ce dont nos n’aurons pas à nous soucier !

Le dimanche matin, deuxième montée d’essai et déjà René affiche un temps sympa qui le place dans les cinq premiers de la classe. Et l’écart se compte seulement en dixièmes.

L’après midi, dès treize heures trente, les hauts-parleurs crépitent à nouveau, et c’est reparti. Après la première montée, un "extra-terrestre" se dégage au volant d’une auto qui marche du feu de dieu : il s’appelle Miguel. L’auto ne monte pas la côte, elle la survole ! A la fin de cette première épreuve, résultat inespéré : 1er Miguel, 2ème Bernard et les autres loin derrière !

On en pleurerait presque de joie, Jo Thibaudier venu surveiller si son chèque est bien employé n’en croit pas ses yeux. La deuxième montée de course ne fait que confirmer la première et la seconde place de classe est acquise, elle sera dignement fêtée comme s’il s’agissait d’une victoire.


Suite à cette première course et à cette encourageante deuxième place, nous voilà repartis pour la suite de nos aventures, une deuxième course de côte dans la région roannaise : Régny. C’est une course pour « gros cœurs » où le pilotage l’emporte sur la puissance pure, car le revêtement est assez dégradé et la pente relativement faible. Cette course au cours de laquelle nous rencontrerons de nouveaux concurrents se soldera une nouvelle fois par une seconde place de classe.

Le vainqueur de cette course roule avec une Golf rouge à jantes blanches... On s’est rendu compte que l’auto était effectivement très efficace, tout autant que son pilote, qui « envoyait » fort, très fort.

Ma rencontre avec François Dubois.

Pour la troisième course de la saison et de notre existence, je vais rencontrer quelqu’un qui sans conteste va changer ma vie, n’ayons pas peur des mots.
Nous voilà partis en direction de Vaumas, eh oui, nous devenons presque internationaux puisque nous voilà aux confins de l’Allier et de la Saône et Loire.

Nous apercevons François Dubois, le vainqueur de Régny, allant aux vérifications administratives. Aussitôt nous nous précipitons vers son auto pour l’ausculter de très près et voir les améliorations que nous pourrions apporter à notre bonne vieille grise. Les vitres sont totalement embuées si bien que l’on ne voit pas l’intérieur. Nous voilà à mesurer la hauteur de caisse, à secouer l’auto comme un prunier (pour apprécier la dureté des suspensions... méthode un peu empirique, je vous l’accorde, mais quand on a rien de mieux...) à l’observer sous tous les angles quand François arrive vers nous.

Au moment précis où François nous salue (non seulement il va vite mais en plus il est sympa le bougre), sa femme Marielle s’extrait de la Golf embuée. Un peu embarrassés, nous fixons le bout de nos godasses en essayant de nous donner une contenance, tandis que la famille Dubois n’avait qu’une seule envie : bien rigoler !

Les secousses en tous genre et les appréciations diverses et variées n’y changeront rien : c’est avec presque 2.5 secondes d’avance sur tout le monde que François Dubois va encore remporter la classe.

C’est notre première vraie rencontre avec un concurrent, certes, mais celui-ci va très vite devenir un ami. Il me fera d’ailleurs faire mes vrais débuts en compétition, en tant que copilote.

Mon premier rallye.

Bien évidemment, je comptais faire mon premier rallye avec mon frère, et je pense que lui aussi voyait ça comme ça. C’était décidé nous allions nous engager dans l’épreuve du Brionnais, qui se déroulait à la Clayette (prononcer la Clette) en Saône et Loire à une cinquantaine de kilomètres de chez nous.

Bien sûr, François devait être de la partie. Quinze jours avant le rallye, les reconnaissances devaient débuter. François appelle mon frère et lui annonce qu’il sera forfait car son copilote l’a lâché au dernier moment. Au lycée Jean Puy ou je « suis poursuivi par les études », je propose à un ami d’enfance, Eric, qui n’arrête pas de me dire que je suis un veinard de rouler en rallye, de monter en copilote. Première difficulté, nous avons tous les deux 16 ans et il faut une autorisation parentale. Pour moi pas de soucis, ma mère préférant me donner son aval plutôt que de refuser et de savoir de toutes façons, qu’un « faux » m’aurait permis d’y participer, avec tous les problèmes d’assurance qui peuvent en découler en cas de malheur...

Nous voilà donc chez les parents d’Eric pour parlementer afin de leur expliquer qu’il n’y avait aucun danger ; comme il s’agissait du premier Rallye de René, il n’attaquerait pas, que le but était d’être à l’arrivée pour apprendre etc..
Son père accepta de signer l’autorisation à condition qu’il copilote mon frère car ils sont collègues de travail et se connaissent depuis longtemps.
La décision est donc prise de rappeler François pour lui annoncer que je pouvais le naviguer.

Nous partons donc en reconnaissance et tout se passe pour le mieux, François étant quelqu’un de très calme et très gentil. D’ailleurs on a du mal à croire que c’est le même qui met l’auto en dérive des quatre roues !!!

Le jour de la course arrive, la pression monte ! La nuit précédente j’ai dormi, comme un bébé : 2 heures de sommeil, réveils, pleurs, sommeil à nouveau... si bien que le matin du rallye j’étais dans un potage complet. Heureusement je n’angoissais pas sur les notes : j’avais tellement la trouille de me planter que j’avais appris les notes par cœur !!! A tel point qu’aujourd’hui je serais encore capable d’en réciter une bonne partie. Le rallye allait se dérouler intégralement de nuit et nous n’avions fait que deux passages nocturne en reconnaissance. C’est amplement suffisant aujourd’hui mais lors de son premier rallye c’est un peu juste !

Enfin le départ. nous avions le numéro 63, soit plus d’une heure d’attente après le départ de la première auto. L’attente de ce moment est terrible : c’est un mélange de sentiments complètement paradoxaux, d’un côté on veut faire exploser le chrono tandis que de l’autre on se sent si anxieux que l’on veut rentrer chez soi !

Dix minutes avant notre heure, nous rentrons sur le parc. Plus aucune possibilité d’y échapper, il va falloir être bon. Premier routier et premier pointage, François m’aide à ajouter les heures et les minutes entre elles, car compter en base 60 dans ces moments là, ce n’est pas si facile.

Arrive la première ES, le départ et juste avant le plus profond des silences. On n’entend même plus le moteur, à se demander si l’on respire...

Restent deux autos avant nous, trois minutes qui semblent être trois siècles et puis on s’avance sur la ligne. Il ne reste que l’obscurité de la nuit et ce ruban noir dans lesquels nous allions nous engouffrer dans trente seconde. Le starter vient nous présenter ses deux doigts croisés et là soudainement tout s’accélère dix, « mince ou est la première page, j’ai tout oublié », 5, 4, 3, 2, 1, il lève sa main et le 4 cylindres VW s’envole dans les tours bien au-delà du régime de coupure.

Je commence à annoncer, mais beaucoup trop vite : l’auto de François marche tellement fort que j’en suis perdu dans mes notes. En plus pour me rassurer, à peine avions-nous pris le départ qu’il me dit « oh je la sens pas, elle tient pas la route , je sais pas ce qu’elle a, j’arrive pas à la tenir sur la route ».

Malgré tout, déjà, enfin (?), l’arrivée de la spéciale est là ! Deuxième temps de classe pas mal, pas mal du tout pour un début.

Avec le recul je sais que ce temps n’est dû qu’au talent du pilote qui a fait tout à vue cette nuit-là. Après une deuxième spéciale où nous nous rapprochons encore du premier sur le routier, le calorstat grippe et l’auto se met à chauffer : nous nous voyons donc contraint d’abandonner.

Voilà comment se termine ma première expérience qui restera à tout jamais gravé dans ma mémoire.

La suite et la galerie photo, bientôt...


2006 © Passiongolfgti.com | RSS  Flux RSS du site