Pas de photo à proposer mais quelques "prouesses" de galérien de la mécanique...
Après avoir roulé quelques temps sur la G1 (1500 GLS) du frangin Casimir, je mis mes premiers gains dans ma première voiture, que dis-je une voiture, le Graal dont la quête me hantait depuis des années!
Et comme la chose était fort rare, pensez-vous, 13 ou 16 millions produits entre 1949 et 1986, en fin connaisseur, je jetais mon dévolu sur la première venue, parce que je passais devant matin, midi et soir et que le prix demandé était modeste...
C'est ainsi que j'acquis sur un coup de tête ma 2CV bien aimée, amoureusement rafistolée par Dédé la Bricole...
Faut dire qu' avec sa caisse à 4 glaces (AZKB pour les amateurs

)peinturlurée en bleu Saviem et ses roues blanches, elle ressemblait à un gros jouet, et le grand enfant que je suis resté ne pouvait pas résister à son charme de Dinky Toy à l'échelle 1!
Elle ne m'aura rien épargné!!!
Un matin, de retour de chez le boulanger, juste à l'embranchement de ma rue: PAF, pédale de frein au plancher!
Je me suis ralenti au frein à main, et j'ai appris l'art de plier les extrémités d'une goupille pour que l'axe de la pédale ne sorte pas de la chape de commande du maître cylindre...
Un matin, très tôt, 5 heures / 5 heures et demie, sur le chemin du boulot: le black-out, il est vrai que la 2CV a été développée sous l'occupation, la mienne devait s'en souvenir, échapper aux Stukas ennemis était inscrit dans ses gènes.
Retour à la maison tout feux éteints, ne touchant même pas aux freins pour ne pas allumer les stops (2 x 21W, quand même...).
Après avoir monté un 1er alternateur de récup, puis un second en échange standard, je suis devenu un champion de la dépose/repose d'alternateur sur 2CV, une main dans le dos et les yeux bandés!
Un autre matin, freinage, BANG! Schling - schling-schling - schling, un roulement de roue arrière avait été mal serré, à la longue il avait découpé le plateau de roue, au dernier freinage les machoires bien serrées dans le tambour ont entrainé l'ensemble en rotation, la canalisation de frein a fait 3 ou 4 fois le tour du bras de suspension avant de s'arracher... et une 2CV de 76 ne possède pas de double circuit de freinage: retour chez Dédé la Bricole (j'étais pas loin) au frein à main dans la descente...
Alors une fois, pour les vacances, je décide d'aller en Italie pour vérifier si la pizza de là bas est meilleure que la pizza d'ici.
A peine arrivé à Menton, la boite se met à faire un sinistre bruit. Non seulement ça craque, mais en plus ça fait un raffut du tonnerre, tout le monde me regarde comme si j'étais le marchand de glace avec la musique à donf, mais c'est ma boite qui rend l'âme!
La chaine cinématique d'une boite de 2CV est très complexe, il y'a 4 rapports avec 3 paires de pignons, je constate qu'en 3ème le bruit s'atténue, je m'enhardis jusqu'à passer la frontière. A Vintimille c'est devenu impossible, je m'arrête dans une station d'essence.
J'ai bien la clé plate de 21 pour ouvrir le bouchon de remplissage, mais ni entonnoir ni tuyau souple pour faire couler le précieux liquide de la verticale imposée par Newton, à l'horizontale imposée par Citroën et ses joyeux ingéneurs (je rends ici hommage au génie créatif d'André Lefevre, Paul Magès, Walter Becchia, Maurice Sainturat, je crois que c'est lui le coupable pour la boite!).
Garfield ne recule devant rien, je me lance dans une opération à coeur ouvert, je dépose le couvercle de boite sur la parking de la station (pas) service!
Ce jour-là les Dieux de la mécanique sont avec moi car la bille de verrouillage des fourchettes saute, elle aurait pu tomber au fond de la boite (snif

) ou se perdre sur le parking, mais elle décide de rester collée à la graisse qui macule le chassis...
Et glou, et glou, et glou... la remise à niveau assurée, ma 2CV repart comme si de rien n'était.
Au retour, je devrais renouveler l'opération à la hauteur de Gènes: facile pour moi, vous savez, une main dans le dos et les yeux bandés!
Je vous passe les hélices de ventilateur cassées, les cosses désserties (Raphaël en a fait les frais, sur l'autoroute!), les échappements baladeurs...
A la fin, je faisais le réglage du jeu aux culbuteurs à chaque vidange (tous les 5000 km) pour le plaisir, si si!
